Le bilan 2020 du Groupe Eramet a été publié. Quel est le bilan de la SLN pour 2020 ?

Nous continuons à être en perte en 2020 mais les états définitifs seront soumis à l’approbation de l’AG des actionnaires en juin prochain. Ce que l’on peut retenir, c’est que l’année 2020 a été très mouvementée sur l’ensemble de la NC avec dans un premier temps, la crise sanitaire Covid puis les élections municipales, les élections professionnelles, le second référendum et enfin les blocages en fin d’année de nos sites en lien avec la cession de l’Usine du sud.

Malgré ces contraintes, nos équipes et parties prenantes ont gardé leur sang-froid et sont restées mobilisées sur le plan de sauvetage. La production minière et les exportations de minerais bruts se sont bien tenues même si la production de nickel métal est restée relativement stable. Notre cash-cost s’est amélioré pour atteindre 5,3$/livre et, malgré la crise sanitaire, nos résultats sécurité sont en amélioration.

 

Où en est-on du prêt Eramet/Etat ? Combien en reste-t-il sur les comptes de la SLN ? A partir de quand la SLN doit-elle le rembourser ?

A fin décembre 2020, il reste 8,8 milliards FCFP de disponible sur l’emprunt de 63 milliards FCFP consenti par Eramet et l’Etat en 2016. Il faut dire que les 8 premiers mois de l’année ont été fortement destructeurs de cash (-12 milliards FCFP), conséquence d’un cours du nickel particulièrement bas et d’une mauvaise alimentation de l’usine de Doniambo impactée par les perturbations sociétales sur les centres miniers de Kouaoua et Thio. Compte tenu de cette situation, le mandataire ad hoc a été sollicité en septembre pour nous assister dans la recherche de solutions avec les parties prenantes afin d’éviter d’épuiser la trésorerie à brève échéance. Le plan cash control a par ailleurs permis de limiter le plus possible notre consommation de cash. Le prêt doit être remboursé à échéance 2024 et nous commençons déjà à payer les intérêts conformément aux contrats de prêts signés entre les parties.

 

La SLN a un plan de sauvetage en 3 piliers : productivité/performance, réduction du coût de l’énergie et optimisation minière par l’export des minerais non-utilisables en NC. Ce plan fonctionne, il a produit des résultats en 2020. Est-ce que ce sera aussi le cas en 2021 ?

Le plan de sauvetage fonctionne quand les opérations ne sont pas entravées. Les exports de minerais ont contribué à une amélioration de nos résultats et elles auraient pu être davantage contributrices. En revanche, la production de ferronickel a été fortement impactée par les difficultés d’approvisionnement sur mine et les gains de productivité attendus n’ont donc pas été atteints. L’accord conclu avec Enercal fin 2019 a permis d’engranger un gain, contribuant ainsi à la baisse de notre coût de revient.

La SLN poursuivra en 2021 le déploiement du plan de sauvetage avec pour objectif d’atteindre le volume de 4 millions de tonnes d’export de minerai et une production de ferronickel de 52 000 tonnes nickel. Cela suppose l’arrêt des blocages de tous les sites. Le dossier de la nouvelle centrale électrique devrait être mené à son terme pour garantir l’accès à une énergie meilleur marché pour l’usine de Doniambo. L’appel d’offres pour une centrale au gaz a été lancé en novembre dernier et la sélection du candidat final est attendue en fin d’année. Ces différents éléments sont essentiels à la poursuite de l’amélioration de la compétitivité de la SLN. Nous poursuivons également nos efforts, sous le contrôle des mandataires ad hoc, pour aboutir à un accord global avec nos parties prenantes afin de sécuriser notre plan de sauvetage.

 

Vous êtes le président du Conseil d’administration : quel est l’état d’esprit parmi les administrateurs ? Sont-ils confiants dans la capacité de la SLN à se redresser durablement ?

Nous avons un Conseil d’administration (CA) aujourd’hui plus homogène. Les membres du Conseil portent tous l’intérêt social de l’entreprise et sont engagés dans cette volonté unanime de réussir le plan de sauvetage, seul moyen de conduire la SLN sur le chemin de la profitabilité et de la pérennité. Il n’y pas d’autre solution ni de plan B. Le soutien des administrateurs est primordial. Et, pour leur permettre de faire correctement leur job et prendre des décisions éclairées, nous devons nous assurer qu’ils soient bien informés de la situation de l’entreprise. En général, il y a 3 CA dans l’année et une assemblée générale (AG). En 2020, compte tenu de l’actualité et des évolutions très rapides de la situation de SLN et de son environnement, nous avons dû tenir exceptionnellement 5 CA et 2 AG. En dehors des réunions de conseils, le président du CA que je suis passe aussi beaucoup de temps avec chacun d’entre eux. Les administrateurs ont droit à l’information pour exercer leur mandat. Ils sont aussi porteurs de messages auprès des actionnaires et des institutions.

 

Quelle est la place de la SLN aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie ? Quelle écoute recevez-vous de la part des responsables politiques ?

La SLN occupe une place particulière. Elle a contribué à faire connaître la NC dans le monde. Elle a plus de 140 ans et a donc réussi à traverser toutes les crises qu’elles soient économique, sanitaire ou technologique. Les entreprises centenaires à avoir une telle longévité sont une denrée rare. Nous devons en être fiers. Dans beaucoup de pays au monde, les gens sont fiers de leur entreprise centenaire. La SLN occupe aussi une place singulière dans le cœur des Calédoniens. Il n’y pas une famille en Calédonie dont un des membres n’a pas travaillé directement ou indirectement pour la SLN. Elle est un héritage, un patrimoine des Calédoniens. Mais la SLN est aussi un outil industriel et un acteur majeur de l’économie calédonienne : 10% du PIB de NC, 10 000 emplois au total dont 2 150 directs à date, 50 milliards FCFP de retombées chaque année sur l’économie locale (achats et sous-traitance, salaires, cotisations sociales et fiscales…), près de 50% des recettes d’exportations du territoire. Au-delà de son activité économique, la SLN génère également des externalités positives pour la NC et ses communautés. Au final, la SLN est un élément de stabilité à préserver, eu égard à l’évolution institutionnelle en cours de notre pays. C’est ce message qu’auront retenu les responsables politiques et les Calédoniens en général lors de la période agitée que nous venons de traverser ces derniers mois. La SLN a besoin d’être compétitive pour être résiliente aux bas de cycle et pour continuer à créer de la valeur pour les parties prenantes dont la Nouvelle-Calédonie, le pays qui l’a vue naître il y a 141 ans.